L'histoire du Fort Janus
Présentation du Fort Janus
Le Fort Janus
Le fort Janus est situé à 2565 mètres d’altitude, face au fort du Chaberton, sa position stratégique offrait un point d'observation important sur ce dernier, il offrait également une large défense de la frontière franco-italienne en couvrant le plateau des Gondrans, le col du Montgenèvre ainsi que la vallée de la Clarée.
Les documents photos militaires de cette période sont rares, le travail de mémoire et de reconstitution de la vie dans le fort est donc très important pour ne pas laisser ce patrimoine et son rôle déterminant tomber dans l'oubli.
Principales années de construction
blocs bétonnés
tirés depuis le Chaberton par les italiens en 1940
Intéret stratégique du fort Janus
Implanté sur la crête de Château Jouan, aux coordonnées 44.911431 - 6.710501, l'ouvrage domine à 2465 mètres d'altitude :
- La ville de Montgenèvre au Nord-Est.
- Les pentes du Gondran et les sources de la Durance à l'Est.
- Les cols du Chabeau et du Chenaillet.
- La route de Briançon à Montgenèvre à l'Ouest.
- La route de Névache et l'accès par le col de l'Echelle.
- La ville de Briançon au Sud.
La construction
Au lieu de commencer par les blocs Sud-Est, la priorité a été donnée à la partie Nord-Ouest de l'ouvrage. La CORF a officialisé cette décision lors de sa réunion du 23 janvier 1931 : les blocs d'artillerie vers le Sud-Est et l'entrée de secours ont été ajournés, ne conservant que l'entrée principale, les communications, la casemate Nord-Ouest pour jumelages et mortiers de 81 mm, ainsi que la casemate pour mortiers de 75 mm et les observatoires en premier cycle (la casemate pour canons-obusiers de 75 mm avait déjà été reportée).
Cela a conduit à un nouveau plan d'implantation de l'ouvrage (189/S) le 3 mars 1931. À peine diffusé à l'ITTF, il a suscité une note du général Birchler critiquant l'orientation et l'accès à l'entrée de l'ouvrage. L'entrée choisie était très pentue et offrait une place de manœuvre restreinte : il a suggéré de pivoter l'entrée vers la droite pour la rendre plus alignée avec la route et mieux protégée des directions dangereuses du col de Gimont par un fort orillon. Ce principe a été appliqué dans le correctif immédiatement produit au projet 189/S, avec des ajustements introduits lors de la conception détaillée de l'entrée.
La construction de l'ouvrage CORF a débuté le 20 juin 1931 par l'entreprise Chesnel d'Antibes, qui avait remporté le marché en août 1930.
Les travaux, initialement prévus pour commencer en septembre de la même année, ont été reportés à juin suivant à cause de la neige. Ces travaux, qui se sont étalés jusqu'en 1939, ont débuté par la rectification de la route d'accès au sommet pour la rendre compatible avec les charges lourdes.
Le premier bloc dont le dossier technique a été produit est le bloc B (futur bloc 2, casemate pour mortiers de 81 mm et jumelages). Le dossier 105/S du 2 février 1932 a été commenté par l'ITTF et la CORF de la manière suivante :
- le poste optique doit être séparé du poste d'observation (simple créneau FM) et placé de préférence dans l'orillon au-dessus de l'IS,
- une goulotte à grenades doit être ajoutée,
- le profil, l'étanchéité et la liaison avec le massif de béton cyclopéen de la dalle supérieure doivent être affinés pour limiter les infiltrations. Une margelle bétonnée doit être ajoutée en bordure de visière pour limiter la chute de gravats et un ressaut en bas de bloc pour empêcher l'accumulation des gravats au pied de celui-ci,
- la ventilation doit être rendue indépendante entre les deux chambres de tir.
Avec ces commentaires, le projet a été approuvé le 21 avril 1932 (DM 1613 2/4-S).
Le bloc C (futur bloc 3, casemate pour mortiers de 75 mm) a été traité immédiatement après. Son dossier technique a été émis le 29 janvier 1932 (93/S) et a soulevé un débat entre la CORF et l'ITTF. Cette dernière souhaitait pivoter ce bloc d'une vingtaine de degrés vers la droite pour couvrir le barrage et le col de Montgenèvre, mais la première s'y est opposée, estimant que cela rendrait le bloc difficile à défiler du Chaberton et moins efficace pour couvrir la vallée de la Clarée et le futur ouvrage des Alberts. Le bloc a été conçu en suivant presque littéralement la notice du 31 août 1931 sur les casemates de 75 mm en pays de montagne, soulevant uniquement des points de détail, dont certains communs avec le bloc B (drainage des dessus...). La partie la plus détaillée concernait le design du système de récupération et de manutention des douilles, faisant l'objet d'une étude spécifique du SMF. L'approbation finale de ce dossier technique a eu lieu le 30 avril 1932 (DM 1801 2/4-S).
Le projet technique du bloc observatoire D (futur bloc 4-5-6) a été diffusé pour approbation le 30 mars 1932 par la DTF de Briançon (dossier 279/S). Le bloc D est formé d'un bloc sommital avec une cloche GFM et une cloche VDP, auxquels s'ajoutent deux observatoires latéraux sous roc – les futurs blocs 5 et 6. Les demandes des organismes centraux incluaient :
- l'équipement de la cloche GFM d'un créneau spécial permettant le tir dans la pente sud-est du Janus,
- la descente des fondations du bloc sommital jusqu'à un point où il y a au moins 6 mètres de roc entre la surface et la fondation,
- l'installation de latrines conventionnelles dans le bloc sommital, avec une chute au niveau bas, en raison de son éloignement des communications (puits de 14 mètres) et du nombre d'hommes y opérant,
- l'augmentation de la taille du local des observateurs au niveau des communications, ainsi que de son volume de ventilation.
Les projets techniques détaillés des deux observatoires latéraux devaient encore être finalisés, ce qui a été fait près d'un an plus tard. Les blocs observatoires ont été approuvés sous ces réserves le 18 mai 1932 (DM 2011 2/4-S).
La conception détaillée de l'ouvrage a continué avec la réalisation du dossier technique des locaux souterrains, diffusé le 1er octobre 1932 (dossier 998/S) pour approbation. L'isolement de l'ouvrage a conduit l'ITTF et la CORF à demander un surdimensionnement de certains locaux de stockage (vivres, etc.).
La CORF a par ailleurs regretté que les citernes d'eau aient été prévues trop éloignées de l'entrée et des locaux d'utilisation, mais cela a été accepté en raison de la réutilisation d'une citerne existante et de l'exiguïté de l'arête, interdisant d'ajouter d'autres locaux. D'autres modifications de détail ont été requises sur les circuits d'eau et d'égout. Cette partie concernant les locaux a été approuvée le 7 novembre 1932 (DM 4822 2/4-S), alors que les travaux souterrains étaient déjà bien avancés.
Les travaux de 1932 n'ont pas tout à fait progressé comme prévu. En avril 1932, ils étaient estimés réalisés à 25 % (travaux de 1931). Lors de l'arrêt hivernal fin 1932, les terrassements à ciel ouvert étaient réalisés à hauteur de 2320 m³ sur 4200 prévus. 625 mètres de la galerie et de l'égout étaient percés sur les 700 m prévus, et les puits de blocs étaient réalisés. La coulée de ceux-ci avait juste débuté.
Les observatoires latéraux, laissés de côté lors de l'approbation du dossier technique du bloc 4 (bloc D) un an plus tôt, ont été traités à partir d'avril 1933 (dossier 467/S). À cette occasion, la décision a été prise d'ajouter un créneau pour jumelage de mitrailleuses dans l'observatoire Sud-Est pour renforcer les tirs vers le plateau des Gondrans, en substitution des blocs ajournés et en parallèle du projet de l'entrée. Ce projet des observatoires annexes a été approuvé en l'état le 16 mai 1933 (DM 2298 2/4-S).
Le plan d'implantation du bloc d'entrée (bloc A, futur bloc 1) a été le dernier à être émis, le 29 avril 1933, pour approbation par la DTF de Briançon (dossier 566/S). La CORF et l'ITTF ont proposé de revoir ce nouveau projet de l'entrée, en suggérant de changer légèrement - et à nouveau - l'orientation du bloc pour mieux le défiler des directions dangereuses, mais surtout pour l'équiper d'un créneau additionnel dans l'encoignure de la face d'entrée et de l'orillon, initialement prévu pour une arme mixte, et destiné à battre la plateforme de retournement de l'entrée. La CORF y voyait aussi un avantage supplémentaire dans le fait que ce créneau pouvait largement couvrir le plateau des Gondrans. Cela complétait le feu du bloc 7, juste approuvé, et se substituait au bloc d'infanterie Sud-Est reporté en deuxième cycle. La DTF a repris son projet sur cette nouvelle base et a émis un dossier modifié en conséquence le 9 juin 1933 (781/S). La STG, qui avait déjà donné son avis sur l'implantation du local TSF et de l'antenne, a dû revoir sa copie. Le dossier technique de l'entrée de l'ouvrage a finalement été approuvé par DM 4303 2/4-S le 17 juillet 1933, mettant ainsi un terme à la conception de ce qui faisait partie du premier cycle.
Cependant, la situation évolue. Au printemps 1934, la protection du clos Enjaime et du barrage de la route de Montgenèvre revient sur le devant de la scène après l'ajournement indéfini de l'avant-poste initialement prévu au clos Enjaime. Dès mars 1934, on décide d'examiner la construction d'un bloc supplémentaire pour un jumelage de mitrailleuses (futur bloc 7) afin de sécuriser cette zone. Le projet est validé par le DM 3412 2/4-S le 25 mai 1934, bien que le financement (72 000 F de l'époque) reste indéterminé. Ce budget sera finalement trouvé grâce à des économies réalisées sur d'autres travaux en Maurienne.
La même année, les galeries de la caserne de guerre inutilisée et trop proche du casernement Maginot sont remblayées. Seule la batterie sous casemate de quatre pièces désuètes de 95 mm est conservée et modifiée, ainsi que ses soutes à munitions. Une nouvelle galerie est creusée pour relier l'ouvrage Maginot à la partie Séré de Rivières. À la fin de septembre 1934, l'ouvrage est achevé à 80 %, et les blocs b, c et d sont "occupables", de même que les communications intérieures et le casernement. L'entreprise Chesnel, mal préparée pour ce chantier en altitude, abandonne, et l'entreprise Debernardy, déjà impliquée dans les chantiers de Haute-Ubaye-Restefond, reprend les travaux de bétonnage et de maçonnerie.
En juin 1935, dans le contexte plus large de l'équipement des ouvrages alpins en armes mixtes, une décision est prise d'installer une arme mixte sous créneau dans l'entrée de l'ouvrage en priorité (Note 35/ORF de la CORF). Cependant, les armes ne seront pas livrées dans les Alpes, retardant ainsi leur installation malgré le début des travaux.
Les travaux sont interrompus en juillet 1935, alors que le gros œuvre et l'équipement sont presque terminés, à cause d'un rapprochement éphémère entre la France et l'Italie (accords de Stresa). Ils ne reprennent qu'en 1938. En 1936, les budgets sont limités à la "conservation des travaux" existants, ne permettant que quelques travaux d'habitabilité et l'adduction d'eau provisoire depuis le plateau des Gondrans. Le renforcement prévu de la casemate de 95 mm est reporté indéfiniment.
L'année 1937 ne permet guère plus d'avancées. Quelques portes blindées et étanches sont installées, un PC mortiers est construit au bloc 2, le réseau téléphonique intérieur est amélioré, et le terrain devant et autour du bloc 5 est nivelé, pour un total de 255 000 F. Les travaux pour un local pour gazés derrière l'entrée, l'équipement de l'infirmerie et de la cuisine, ainsi que l'adduction d'eau définitive sont de nouveau ajournés. Les chantiers d'altitude sont interrompus prématurément cette année-là à cause des fortes chutes de neige dès septembre, causant d'autres retards. En décembre 1937, il est décidé de remplacer les créneaux d'observation et optiques du bloc 2 par un poste pour lunette d'observation et une sortie d'antennes OTCF, mais ces modifications ne seront pas réalisées.
À la fin de 1937, un rapport alarmant de la direction du contrôle de l'armée sur l'état des fortifications alpines entraîne une réaction vive de l'état-major et le déblocage de crédits supplémentaires d'urgence pour accélérer les travaux dès 1938. Le JANUS n'est pas considéré comme prioritaire, car les moyens sont principalement alloués à la 14e Région Militaire pour les travaux de Haute-Ubaye, de Pas du Roc, Buffere et Granon, ainsi que pour le lancement des constructions en Tarentaise.
Les munitions ne sont livrées qu'en 1938. Cette même année, le PC du bloc 2 est finalisé et le stockage des munitions pour les grenades est étendu. Cependant, ni le local des gazés ni le local mortuaire prévus à l'entrée, ni les travaux de raccordement en béton cyclopéenne au-dessus des blocs ne sont réalisés, bien qu'ils soient budgétés à 355 000 F. L'adduction d'eau permanente est également abandonnée.
Après une inspection en septembre 1938, le général Griveaud (Inspecteur Général du Génie et des Fortifications) recommande de remplacer le bloc pour canons de 95 mm par un bloc avec un seul canon de 75 mm, jugé aussi efficace. Cette proposition ne sera pas suivie d'effets. À la fin de 1938, la chefferie de Briançon évalue l'avancement de l'ouvrage à 99 %. Seuls l'arme mixte du B1 reste à installer et la visière du B7 à couler, ce qui ne sera finalement jamais fait. Cependant, l'occupation de l'ouvrage à partir de 1939 permet de couler les massifs cyclopéens, raccordant le terrain aux dalles supérieures des blocs 2 et 3.
L'ouvrage est partiellement remis en état entre 1955 et 1958. Les installations téléphoniques sont modernisées entre 1965 et 1966. Le Génie entretient l'ouvrage jusqu'en 1970, puis il est gardé et maintenu jusqu'en 1986.
L'ouvrage en détail
Description Générale
L'ouvrage du Janus est une fortification d'artillerie CORF comprenant sept blocs et une entrée principale. Il possède deux blocs cheminée qui permettent l'évacuation des gaz de l'usine et de l'air vicié. Construit sur le site du fort Séré de Rivières du Janus, érigé entre 1876 et 1890, l'ouvrage conserve le bloc 8, modernisé en 1906.
Détails des Blocs
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Bloc 1 : Entrée Mixte
- Extérieur :
- 1 créneau pour jumelage de mitrailleuses Reibel MAC 31.
- Une arme mixte (JM/AC25) prévue mais non installée. Réservations pour l'installation du bi-rail effectuées.
- 1 cloche GFM type A (fusil mitrailleur et mortier de 50).
- 1 créneau FM 24-29.
- 1 goulotte lance-grenades.
- 1 canon de 75 (tube de rechange des mortiers du bloc 3).
- Intérieur :
- 3 créneaux FM 24-29 pour la défense intérieure.
- 3 créneaux pour porte blindée avec support FM.
- 1 goulotte lance-grenades.
- Extérieur :
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Bloc 2 : Flanquement de la Route de Montgenèvre (Nord)
- 2 créneaux de mortiers de 81 mm.
- 2 créneaux pour jumelage de mitrailleuses Reibel MAC 31.
- 2 créneaux pour fusil mitrailleur 24-29.
- Une sortie de secours.
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Bloc 3 : Casemate d'Artillerie Flanquant vers la Vallée de la Clarée (Nord)
- 2 mortiers de 75 mle 31.
- 1 goulotte lance-grenades.
- 1 sortie de secours.
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Bloc 4 : Observatoire
- 1 cloche GFM type A (fusil mitrailleur et mortier de 50).
- 1 cloche observatoire VDP.
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Bloc 5 : Observatoire vers le Nord
- 1 créneau observatoire.
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Bloc 6 : Casemate d'Infanterie et Observatoire vers le Sud
- 1 créneau pour jumelage de mitrailleuses Reibel MAC 31.
- 1 créneau d'observation vers le Sud-Est.
- 2 goulottes lance-grenades.
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Bloc 7 : Flanquement de la Route de Montgenèvre
- 1 créneau pour jumelage de mitrailleuses Reibel MAC 31.
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Bloc 8 : Casemate de l'Ancien Fort Flanquant vers le Gondran (Sud)
- 4 canons de 95 de marine.
- 1 créneau observatoire.
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Blocs 9 et 10 : Cheminées de Ventilation
Effectifs
L'équipage de l'ouvrage du Janus était majoritairement composé de membres du 72° BAF pour l'infanterie, de la 11° Bie du 154° RAP pour l'artillerie, et du 216° Bataillon du Génie (Cies 216-81 et 216-82 pour les transmissions). L'effectif théorique était de 12 officiers et 218 hommes.
- Commandants de l'ouvrage : CE Lefaure, puis Cne Mandrillon
- Infirmerie : Lieutenant-Médecin Blein
- Commandant de l'infanterie : Lt Patissier
- Commandant de l'artillerie : Cne Weiss
- Commandant du SRA : Lt Bayle
- Commandant du PC Tir : Lt de Larminat, puis Lt Bax en juin 1940
Équipement Électrique
L'électricité de l'ouvrage est produite par une centrale dotée de trois groupes électrogènes à moteur CLM Mle 308 de 75 CV et d'un groupe auxiliaire à moteur CLM 1 PJ 65, destiné à assurer la production d'air comprimé pour le démarrage des groupes et l'éclairage de l'usine.
L'ouvrage est relié au réseau électrique par une ligne partant de l'usine Baldy. Trois hommes du 4° Génie, Marcel Martin, Rémi Delfour, et Gaston Richard, ont risqué leur vie pour rétablir le courant coupé par les bombardements italiens.
Équipement Hydraulique
L'ouvrage est alimenté en eau depuis le poste des Gondrans, situé en contrebas, par une conduite de 1800 mètres de longueur. Le puisage est assuré par une pompe spéciale.
Équipement de Transmissions
Le central principal de l'ouvrage est un standard pour 64 abonnés, avec deux panneaux muraux pour 32 lignes et une table d'opérateur à 14 circuits. Le central d'artillerie est similaire, avec un panneau mural pour 32 lignes et une table d'opérateur à 14 circuits.
Le bloc observatoire 5 est équipé de téléphones muraux étanches, intégrés au réseau d'alerte du secteur fortifié pour une activation rapide sans installation de matériel téléphonique. Le bloc 1, abritant le local TSF, est équipé d'une radio de 50 watts avec un câble-antenne en cuivre courant le long de la façade.
La bataille de juin 1940
Événements de l'Ouvrage du Janus
- 10 juin 1940, 20h : L'ouvrage, toujours à l'écoute via son poste radio de 50 watts, capte une annonce de la BBC confirmant l'entrée en guerre de l'Italie.
- 14 juin 1940 : Le capitaine Mandrillon du Janus rapporte des coups de feu en provenance de Serres-Blanc.
- 17 juin 1940 : Le fort du Chaberton tire pour la première fois; les observateurs du Janus entendent distinctement les salves.
- 18 juin 1940, matin : L'artillerie italienne cible le Janus et le Chenaillet.
Destruction du Chaberton par le 154e RAP sous les Ordres du Lieutenant André Miguet
La préparation des tables de tir, adaptées à l'altitude, avait été confiée à des unités spécialisées. Une vérification par des tirs réels avait été effectuée en prenant pour cible le Pic de Rochebrune (3130 m). L'utilisation d'obus de 250 kg avec une gargousse de poudre de 50 kg était nécessaire pour atteindre une portée de 10 km. L'obus était pré-chargé et la gargousse insérée au dernier moment pour éviter les variations de longueur dues à la montée en température de la poudre.
- 21 juin 1940, au petit matin : Depuis son observatoire, le lieutenant Miguet observe l'activation des pièces de 149 mm du Chaberton. Les observateurs du Janus notent les départs des tirs et en subissent quelques-uns. Le commandement français ordonne alors de riposter. Cependant, Miguet se heurte à un obstacle majeur en combat de montagne : les conditions météorologiques. La brume s'étant installée sur le Chaberton, surnommé "le cuirassé dans les nuages", il était impératif d'observer les tirs pour les ajuster.
Les observatoires situés au Janus, à l'Infernet, au blockhaus de la Grande Maye, à la Croix de Toulouse, au fort Lenlon et au fort de l'Olive permettent de mesurer la portée des tirs. À 10h00, une éclaircie apparaît. Le lieutenant Miguet donne immédiatement l'ordre de tir à la section de Poët-Morand. Le premier obus est tiré. Après une longue attente de 60 secondes, l'obus parcourt 11 km et atteint 5000 mètres d'altitude. Les calculs de tir sont-ils précis ? Les extrapolations des tables de tir sont-elles correctes ? Lorsque les 250 kg du projectile explosent sur les pentes du Chaberton, c'est un soulagement. Il ne reste plus qu'à ajuster le tir. Les deuxième et troisième obus se rapprochent de la cible. Malheureusement, la brume retombe sur les Italiens. Il faut attendre 15h30 pour reprendre les tirs. Les deux sections ouvrent alors le feu. Les départs de tirs italiens sont toujours visibles.
Le duel s'engage. Les Italiens ne parviennent pas à localiser nos pièces dispersées dans la montagne et tirent donc sur les positions identifiées du fort des Têtes... qui est vide ! À 17h30, la troisième tourelle du Chaberton est touchée, la soute à munitions explose, dégageant une épaisse fumée. Les Italiens continuent cependant de tirer. À 18h00, un nouvel obus touche la troisième tourelle, la réduisant en éclats. Dès lors, les tourelles italiennes cessent presque de tirer. À 18h15, un dépôt de munitions explose à la deuxième tourelle et à 18h30, une explosion majeure est observée sur la partie supérieure de l'ouvrage. À 19h00, un projectile touche les cinquième et sixième tourelles, ne laissant qu'un amas de ferraille et de pierres.
À ce moment, le lieutenant Miguet reçoit l'ordre de cessez-le-feu du colonel commandant le SFD. Il peut alors dresser le bilan de la journée : sa batterie a tiré cinquante-sept coups, n'a subi aucune perte, mais a détruit six des huit tourelles, empêchant l'ennemi d'utiliser cette position stratégique pour lancer une offensive. Mission accomplie !
Sources: Wikimaginot
LA sauvegarde de l'histoire
L'armée française s'est définitivement retirée du fort en juin 1986, la commune de Montgenèvre récupèrera l'ouvrage.
Aujourd'hui, ce dernier est en très bon état de conservation et a relativement été épargné par les pillages et les dégradations.
L'association Fort Janus est pleinement impliquée dans sa sauvegarde et dans la transmission de sa mémoire à toutes les générations.
Galerie Photos
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